C'est fait ! Aprés avoir effacé puis quitté Facebook au printemps 2018, j'ai repris le balai sur Twitter en décembre 2022 (quelques pouets sur le sujet plus bas), non sans y avoir songé des mois sans totalement franchir le pas... Une fois mon archive de tweets soigneusement téléchargée (avec un moteur de recherche beaucoup plus manipulable que ne l'est le site lui-même), j'ai liquidé quelques 22 000 tweets, 2300 abonnés et 13 ans d'activité de mon compte principal. Avec comme objectif de (ré-)investir uniquement et une bonne fois pour toutes le fédiverse, via Mastodon. Mes deux comptes Twitter sont désormais désactivés avant suppression automatique d'ici fin septembre 2023.
Je ne renierai pas ces 13 ans sur Twitter (surtout les 10 premières années), qui m'ont tant apporté. Aussi bien sur le plan professionnel que personnel, j'y ai fait de très belles rencontres, que je n'aurais pas forcément faites ailleurs. J'y ai énormément appris, découvert plein de choses et partagé (beaucoup de veille archivistique et généalogique), qui m'ont permis d'évoluer et d'élargir mes horizons. Mais je pense ici plutôt au Twitter des années 2010. Depuis plusieurs années, les modifications des algorithmes, les difficultés à réussir à y faire une veille efficace, le côté scroll chronophage et vide-cerveau, les TT nauséabonds qu'on essaie de ne pas voir, les mini buzz de cette bulle déconnectée du réel (mais avec tant d'impact, notamment dans les médias), le harcèlement publicitaire... L'outil avait perdu ce qui en faisait son intérêt, bien avant son rachat par EM.
Me voici depuis 10 mois en plein ré-investissement de Mastodon, avec la ré-activation de mon compte @daieuxetdailleurs@framapiaf créé en 2017 sur une instance gérée par Framasoft. J'avais également utilisé en son temps l'instance etalab avec mon mail pro. Il "manque" encore quelques comptes que j'aimais bien suivre (archivistes, institutions culturelles, associations, historiens, centre de recherche, journalistes). Mais je survis sans, et j'ai réactivé de bons vieux flux RSS (quand c'est possible). Il n'y a plus de possibilité de rechute et de s'en scroller une sur Twitter : désormais (au 30 août 2023, à chaque jour sa nouvelle régression), les internautes lambda non connectés ne peuvent plus voir les tweets des comptes (sauf à avoir une coche "compte certifié").
Ce que j'aime sur mon instance Mastodon :
- il y a des gens qui ne s'étaient jusque là jamais inscrits sur un réseau social (oui, ces gens existent !) ;
- je suis de nouveau en phase découvertes (de domaines, de lecture, de gens) ;
- la légèreté (bienveillance, pas de pub, pas de mise en avant de TT débiles et réacs qui n'existent que dans la bulle d'un réseau social, désintoxication à l'audience des likes et des vues de ses messages) ;
- les mots-clés, c'est la vie (oubliés depuis un bail sur Twitter, c'était une plaie pour la veille pro). Et la recherche "plein texte" arrive dans les prochaines montées de version (parce que jusqu'à présent, pour retrouver un pouet, c'est un peu galère... mais sur Twitter aussi) ;
- on peut faire des listes avec des abonnés (ceci me rappelle quelque chose...) ;
- on peut programmer des pouets (ceci me rappelle quelque chose qui s'appelait comment ? ah oui, Tweetdeck, liquidé en plein mois d'août pour ceux qui ne déboursent pas) ;
- on peut gérer des audiences de pouets (public / public non cherchable / abonnés / message direct) ;
- on peut éditer un pouet pour rajouter un mot-clé oublié ou corriger une coquille d'orthographe ;
- on peut faire de la veille sur des mots-clés ! avec un flux RSS (exemple pour mon instance https://framapiaf.org/tags/archives) ;
- il y a même des bots des comptes Twitter de quotidiens nationaux (exemple Le Monde) et des transports (par exemple RATP et Ile-de-France).
Oui mais... "c'est trop compliqué par rapport à Twitter", " j'y comprends rien au fediverse".
C'est vite oublier ses propres débuts sur Twitter (et j'en ai formé des professionnels qui n'y comprenaient rien à Twitter... par ailleurs les deux billets consacrés à Twitter du blog ont été dépubliés révisés), que le confort de l'habitude / la peur du changement existe dans le quotidien comme dans le numérique. et surtout qu'on n'a jamais rien compris non plus aux algorithmes de Facebook et Twitter et qu'on a toujours fait avec sans se poser de question. Quand il n'y a qu'un seul outil, c'est plus simple de choisir (quand bien même il serait déjà quasi obsolète - en matière de "médiation grand public" en tout cas et politiquement contestable, c'est la force de la majorité). Quant à l'addiction aux statistiques de visualisation (là encore, en terme de médiation numérique et patrimoniale), mieux vaut miser sur l'open content, Commons et Wikipédia : les contenus des réseaux sociaux sont éphémères et introuvables au bout d'une semaine.
Quand on est une institution / association / personne publique, on souhaite s'adresser au plus grand nombre. Mais la situation actuelle de l'outil majoritaire devrait nous faire réfléchir à ce mode de communication quasi unique : ça fait belle lurette qu'en réalité on ne s'adresse qu'à une infime partie de ses milliers d'abonnés (y compris parfois pour des informations "pratiques" qu'on ne trouve pas ailleurs, comme une fermeture au public imprévue. Problématique non ?). Il suffit de rapporter les vues, les likes et les retweets au nombre d'abonnés théorique. Qui voit réellement les publications, qui les aiment et les retweet ? Toujours les mêmes. Dans une bulle. A défaut de choisir la migration totale et définitive, il serait au moins nécessaire de réfléchir à ses modes de communication et leur diversification.
Bref, j'ai choisi d'aller buller ailleurs.
Pour commencer
- Choisir une instance (voir cette liste de serveurs Mastodon) - Mastodon est un outil installé sur des serveurs décentralisés, connectés entre eux. Chaque instance (un Mastodon installé sur un serveur) a ses propres administrateurs, ses règles et sa communauté. Il est possible de déménager d'instance après inscription (avec plus ou moins de suivi des abonnés selon les cas semble-t-il). Côté services publics, il y a bien eu une instance Etalab en 2017 (pour les @gouv.fr), mais pour l'instant c'est palôt... A part la Direction du numérique pour l'édution (ministère de l'Education nationale) ;
- Se créer un compte ;
- S'abonner à des gens en cherchant des comptes ou des mots-clés (#archives, #histoire, etc.). Les noms d'utilisateurs s'écrivent sous la forme @pseudo@instance (exemple @daieuxetdailleurs@framapiaf). Il existe également des listes d'utilisateurs thématiques (archives, GLAM, histoire, digital humanities, généalogie), des instances thématiques (histoire, digital humanities), des mots-clés "communautaires" (#archivistodon, #histodon) et des systèmes de groupes ou listes automatiques (exemples : @
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ; @Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ) - Faire un pouet d'introduction (avec les mot-clés #introduction #introductionfr et les thématiques d'intérêt).
Un peu de lecture
- Le fédiverse c'est quoi (Wikipédia)
- Mastodon kesaco (Wikipédia)
- Une liste de serveurs Mastodon
- Ressources académiques sur Mastodon (listes d'utilisateurs thématiques, instances, groupes, etc.)
- Le Monde, "Twitter devenu X : le problème Musk" (25 août 2023)
- Le Monde, "De Twitter à X : le long épilogue d’une histoire chaotique" (24 juillet 2023)
- Actu.fr, "Pourquoi l'Université Rennes 2 s'oppoPourquoi l'Université Rennes 2 s'oppose à Elon Musk, patron de X (ex-Twitter)" (1er septembre 2023)
- NextInpact, IA, biométrie, parcours pro : Twitter/X s’autorise de nouveaux usages des données personnelles (1er septembre 2023)
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